Ce compte rendu a été rédigé par l’étudiant journaliste Enzo E Silva pour la Fondation Terre solidaire suite au webinaire organisé le 25 avril 2024 par la Fondation et Vent Debout
Un échange avec pour intervenant·es :
– Azaïs Perronin, athlète membre des climatosportifs et journaliste radio
– Adil El Ouadehe, directeur technique adjoint de l’Ufolep
– Maël Besson, expert de la transition écologique du sport
A la modération, Clothilde Sauvages, cofondatrice de Vent Debout.
Pour voir le replay du webinaire
Les contraintes du sport de haut niveau
Journaliste et athlète de niveau national sur 800m, Azaïs Perronin nous a apporté son expérience en tant que sportive de haut niveau. Selon elle, en athlétisme, les méthodes de qualification des athlètes devraient être revues à l’international par exemple. Comme elle nous l’explique, dans certains sports, les athlètes sont contraints de voyager pour continuer de viser le top niveau. Mais à qui la faute ? Pour certaines fédérations, la faute aux clubs, pour certains clubs, la faute aux fédérations. La patate chaude saute donc de mains en mains, sans jamais trouver celles d’un responsable.
Au-delà des contraintes de déplacements et donc de transports, la question de la saisonnalité, souvent négligée, a également été abordée. Loin d’être simplement une question d’organisation logistique, la saisonnalité dans le sport de haut niveau pose des défis écologiques et soulève des questions importantes sur la durabilité et la responsabilité environnementale. Pour de nombreux sports, la saisonnalité est un élément crucial. Les sports d’hiver dépendent des conditions hivernales, de même, les sports d’été, tels que l’athlétisme ou le tennis, prospèrent lors des mois les plus chauds. Cette dépendance saisonnière crée une pression supplémentaire sur les athlètes et les organisations sportives pour maintenir des performances optimales tout au long de l’année, souvent en dépit des variations climatiques et environnementales. Les infrastructures nécessaires pour accueillir ces événements peuvent avoir un impact significatif sur les écosystèmes locaux, notamment en termes de déforestation pour la construction d’installations sportives ou d’hôtels.
La question de la compatibilité du modèle de consommation des sportifs de haut niveau avec les enjeux climatiques a également été abordée. Dans le monde du sport de haut niveau, l’équipement est roi. Des chaussures de course ultralégères aux vélos dernier cri en passant par les combinaisons de compétition haute technologie, les athlètes sont souvent incités à investir dans les dernières innovations pour rester compétitifs. Cependant, la production et la distribution de ces équipements peuvent avoir un impact environnemental considérable. De plus, les ressources liées à l’hébergement des athlètes qui voyagent fréquemment pour participer à des compétitions ou à des entraînements génèrent d’importantes émissions de carbone. Par ailleurs, les exigences en matière d’hébergement pour les équipes peuvent entraîner une utilisation intensive de l’énergie et des ressources locales, contribuant ainsi aux problèmes environnementaux. La nutrition est aussi un aspect essentiel de la performance sportive, et de nombreux athlètes de haut niveau adoptent des régimes alimentaires spéciaux pour optimiser leurs performances. Cependant, la production de certains aliments, en particulier les protéines animales, peut avoir un impact environnemental significatif en termes d’utilisation des terres, de consommation d’eau et d’émissions de gaz à effet de serre.
Le mythe du sportif
Depuis toujours, la sphère sportive est très à part dans l’esprit collectif, ce qui le décentralise des autres sphères, notamment dans les médias. Ce traitement unique s’oppose à l’écologie qui se veut davantage transversale, ce qui complique donc son intégration dans le monde sportif. Pour beaucoup, le sport doit rester du divertissement et ne doit donc pas entrer en contact avec des sujets sérieux tels que le climat. Au sein de notre société, le sport est devenu le mythe où tout (ou presque) est acceptable. Cette vision est peu compatible avec celle de la transition écologique, où l’imagination d’un nouveau modèle est absolument essentielle afin de répondre à la crise. Mais alors comment intégrer l’aspect écologique tout en préservant la performance et l’émotion du sport que l’on aime tant ?
Nos intervenants ont évoqué la capacité d’influence positive des grands sportifs sur le sujet. Quand Cristiano Ronaldo repousse deux bouteilles de Coca-Cola qui étaient placées devant lui en conférence de presse pour les remplacer par de l’eau, c’est de plusieurs millions de dollars que chute la valeur boursière de la marque. Cela met en lumière la capacité des personnalités sportives influentes à avoir un impact tangible en dehors du terrain de jeu, pour promouvoir des messages qui vont au-delà du sport.
Le sport pratiqué par Madame et Monsieur « Tout le monde »
Selon Adil El Ouedehe, directeur technique du pôle « Sport et Société » de l’UFOLEP, « la base » est émettrice d’une grande influence sur le « haut », mais les citoyens ne doivent cependant pas endosser l’entièreté de la responsabilité, car ce n’est pas l’ensemble de la population qui résiste. En effet, les politiques doivent agir également, et c’est cette recherche de complémentarité qui amènera à une acceptabilité grandissante. Selon nos invités, cette acceptabilité est un élément central pour faire bouger les choses de manière structurelle. Après avoir évoqué la charte des 15 engagements écoresponsables, Maël Besson nous parle « d’objectifs ». Pour lui, les objectifs à long terme doivent être de l’ordre du légal. Il cite par exemple l’éco-conditionnement des subventions pour les événements sportifs.
Nos invités ont également abordé la question des équipements nécessaires à un développement plus écologique du sport de tous les jours. En effet, au-delà des « petits gestes », nos trois intervenants sont d’accord sur le fait qu’il faut complètement repenser le système des équipements liés au sport au global