Nos cuillères raclent le fond de la casserole. Il ne reste plus rien de cette plâtré de polenta préparée par Yann, pas même un peu de fromage. Nous avions faim de cette fringale qui creuse l’estomac après avoir passé la journée dehors. Surtout quand la météo décide de vous tremper jusqu’aux os et de vous traîner dans la boue. Ce temps capricieux nous aura au moins permis d’illustrer par l’exemple ce que notre hôte défend dans la pratique de la montagne : l’improvisation.

Car rien ne s’est passé comme prévu. Ce guide de haute montagne avait imaginé nous emmener faire de la voie, tirer quelques lignes dans les environs de Thorens, discuter de performance et revenir au bercail. La pluie en a décidé autrement.

L’occasion parfaite de se confronter à la notion d’incertitude, thème récurrent de cet épisode de Vent Debout.

« Le Mont Blanc est devenu un produit commercial, il faut le remettre dans le giron de la montagne, le réintégrer dans la pratique de l’alpinisme. »

Yann Borgnet

Face à une paroi détrempée, nous décidons de ranger les chaussons d’escalade pour nous abriter sous une vire et réaliser un bout d’entretien en attendant que la pluie se calme. Un moment d’exception lors duquel nous parlons de performance, d’alpinisme, de dérèglement climatique et de consumérisme. Quelques minutes plus tard, nous voilà gratifié de la présence d’un bouquetin qui lui aussi trouvait refuge sous la falaise. Cela devient récurrent dans Vent Debout.

Yann fait partie de ces personnes insaisissables. Rarement joignable, mais qui, lorsqu’il est à vos côtés, vous donne le sentiment que vous le connaissez depuis toujours. Paré de sa carte IGN téléchargée « illégalement », il nous ouvre la voie pour contourner la falaise. Nous fait vivre un moment où l’on touche du doigt ce qu’il entend lorsqu’il parle de la montagne « comme l’un des derniers espace de liberté ».

Pour prendre l’ampleur des liens entre sport et performance, Michaël Attali nous rejoint plus tard en studio. Cet historien et enseignant chercheur tisse pour nous le fil qui relie le sport moderne et le capitalisme, et nous raconte comment des activités physiques alternatives ont été systématiquement récupérées et standardisées par les institutions.

« Le sport moderne est concomitant d’un modèle de société capitaliste fondé sur la concurrence, le progrès, la hiérarchie et la méritocratie. »

Michaël Attali

L’époque nous invite à nous extraire de notre dépendance à la performance, qu’elle prenne la forme de points de PIB ou d’injonction au développement personnel. Le projet d’une société plus sobre passera aussi par la remise en question de notre rapport à la performance, dans le sport comme ailleurs.

Bonne écoute et n’oubliez pas de nous suivre, de partager l’épisode et de nous mettre plein d’étoiles pour donner de l’envol à Vent Debout.

Le livre : Histoire globale des sports olympiques de Michaël Attali (parution en janvier 2024)

Le film Alpine Line de Yann Borgnet

La devise des Jeux Olympiques et Paralympiques : Plus vite, plus haut, plus fort, ensemble

L’interview de Zineb Fahsi : le yoga, un produit du capitalisme ?

France Culture (Episode 4/4) : Plus vite, plus haut, plus fort, histoire de la performance sportive

Extraits audio :
– Encouragements E. Macron au XV de France avant le mondial de rugby
– Jeux olympiques de Tokyo – la gymnaste Simone Biles se retire pour sa santé mentale – France 24
– Lord Sebastian Coe Speech – Opening Ceremony – London 2012 Olympic Games
– Quand Emmanuel Macron politisait le sport – Huffpost