Transition écologique et sociale, quelles initiatives sportives ouvrent la voie ?

Juil 5, 2024 | Entretiens

Le sport est un fait social total. En 2022, environ 22% des habitants détenaient une licence dans une fédération sportive d’après les chiffres de l’Insee. Malgré cet engouement certain, rarement le sport véhicule des récits et imaginaires autres que ceux du divertissement et de la performance. Certainement pas celui de la transition écologique. Pourtant le monde du sport fourmille d’initiatives et d’athlètes qui se réinventent et s’emparent de cette question. Quels sont leurs points communs ? Quels sont ces nouveaux récits que les athlètes et porteurs de projets souhaitent véhiculer ?

Ce compte rendu a été rédigé par l’étudiant journaliste Enzo E Silva pour la Fondation Terre solidaire suite à la conférence organisée le 18 juin 2024 à l’Académie du Climat

Après une première conférence qui a posé les bases de notre cycle « Sport et climat », la Fondation Terre Solidaire s’est intéressée aux mouvements sportifs qui ouvrent la voie à une transition écologique et sociale. Le mardi 18 juin, à l’Académie du Climat à Paris, nous avons donc réunis plusieurs acteurs aux parcours différents pour débattre autour de ce sujet ô combien important. Clothilde Sauvages, co-fondatrice et autrice du podcast Vent Debout, a animé les échanges entre nos quatre autres invités : David Blough, fondateur, président de 10, et auteur de « Le sport des solutions » et « Sportwashing », Alhassane Diallo, fondateur de la recyclerie à La Noue, et directeur du centre social et culturel de Bagnolet, Ainhoa Leiceaga, surfeuse de haut niveau, ainsi que François Verdet, surfeur, auteur, et membre du collectif Rame pour la planète.

Pour voir le replay de la conférence

Des initiatives pleines d’espoir

Souvent perçue comme un formidable vecteur de cohésion sociale et de bien-être physique, le sport favorise les rencontres, la bonne santé, mais également la découverte de nouvelles vocations, avec le bénévolat par exemple. Cependant, le sport moderne, marqué par la performance, incarne souvent des valeurs trop idéalisées comme le dépassement de soi, au détriment de facteurs non moins importants. Ces valeurs remettent en question cette vision ultra compétitive du sport, comme le souligne beaucoup de chercheurs ces dernières années.
Heureusement, certains acteurs du milieu portent des initiatives qui pallient à cette vision apposée au sport moderne. David Blough, avec son film basé sur son livre « 21, Sport des Solutions », souhaite modifier le récit dominant du sport, en mettant l’accent sur l’éducation et l’inclusion sociale par le sport. Son travail met en lumière le potentiel du sport comme outil éducatif et intégratif, au-delà des simples performances athlétiques. Directeur du centre social et culturel de Bagnolet (93), Alhassane Diallo a lui évoqué la création de la recyclerie à La Noue. En réparant gratuitement et en mettant à disposition du matériel sportif non-utilisé (notamment des vélos), Alhassana réussit à rassembler les habitants de son territoire autour de la pratique sportive. De plus, il a souligné le potentiel que cela représente en matière de création d’emploi pour les jeunes, en bricolage notamment. Son projet démontre comment le sport peut être un levier de développement écologique, mais également communautaire.

« Rendre à la nature ce qu’elle nous offre »

Ainhoa, athlète de haut niveau, partage son expérience de compétition en Israël avec des soldats israéliens, soulignant comment le sport peut permettre d’oublier les défis du quotidien et de se connecter à la nature. Cependant, elle met en évidence le paradoxe entre cette connexion et la destruction environnementale due aux déplacements fréquents pour les compétitions. Elle appelle à trouver des alternatives plus durables, questionnant l’impact écologique des performances sportives. La conférence a aussi abordé la question de l’engagement des fédérations sportives « traditionnelles » face aux enjeux climatiques. En effet, les mouvements comme ceux de nos invités pourraient être amplifiés si les fédérations s’emparaient réellement de ces questions environnementales. Bien que des évolutions positives soient observées, il reste encore beaucoup à faire.
Enfin, François Verdet a évoqué le fait que les sports de nature, comme le surf, ont davantage donné lieu à la création d’associations écologiques par rapport à d’autres sports. Il a présenté Rame pour ta Planète, un collectif engagé pour favoriser une pratique plus propre du sport. Pour lui, il ne faut pas simplement pratiquer le sport égoïstement. « La nature nous offre des vagues, le minimum c’est de lui rendre » nous dit-il avec beaucoup d’émotions. Des initiatives comme « Rame pour la Planète » montrent qu’il est possible de pratiquer un sport tout en respectant et en protégeant l’environnement.

En cette année olympique, la Fondation Terre Solidaire, fondation reconnue d’utilité publique qui œuvre pour la transition écologique et solidaire a souhaité s’associer à Vent Debout pour organiser un cycle de conférences intitulé “Sport & Climat”. Trois événements qui sont l’occasion de réfléchir à la relation du monde sportif avec l’écologie, dans un contexte de dérèglement climatique.

Ce que l’on retient de cet entretien