S01E04 – Le sport pour tous, vraiment ? Avec Brahim Timricht et Yohann Rech

Jan 12, 2024 | Épisodes

Qu’ont en commun les pratiquants d’Escalade, de trail, de ski ou de wing foil ? Réponse : ils sont majoritairement blancs et aisés. On croise très rarement des personnes issues de milieux populaires dans les activités de plein air. Pourquoi y a t-il des sports de riche et des sports de pauvre ? Les barrières sont elles uniquement financières ? Notre origine sociale détermine t-elle les sports que l’on pratique ? Le sport pour tous existe t-il vraiment ? Suivez-nous dans ce nouvel épisode de Vent Debout à la rencontre de Brahim Timricht et de Yohann Rech pour mieux comprendre les inégalités sociales qui persistent dans le sport.

Ça grouille de monde sur la base nautique de Corbières à Marseille. Nous sommes en plein mois de juillet, il est à peine 10h00 et le soleil tape déjà fort. Nous nous approchons de la grille qui marque l’entrée de l’association le Grand Bleu, et à mesure que nous avançons les cris d’enfants s’intensifient. Des cris d’amusements et de joie qui ne trompent pas. Ici, tout le monde se met à l’eau. Car nager c’est comme lire et écrire nous dit Brahim Timricht. Comme chez les romains, cela constitue le socle de la citoyenneté.

C’est pour démocratiser la natation que Brahim a démarré l’association Le Grand Bleu il y a plus de 20 ans, avec les moyens du bord et sa vieille Opel familiale. Sa volonté : apprendre aux minots de son quartier à nager pour que la mer qui se trouve à deux pas de chez eux, cesse de représenter un espace hostile.

« Vivre la mer est un droit, comme lire et écrire. »

Brahim Timricht

Depuis l’association a bien grandit, et les moyens aussi. En fonction du jour ou l’on s’y rend, on peut y croiser des enfants des centres sociaux de Marseille, des jeunes de la prison des mineurs de la Valentine, des mamans des quartiers qui souhaitent apprendre à nager, ou encore des hommes politiques… car la récupération n’est jamais bien loin dans les lieux comme celui-ci qui font exception.

Ici, la mixité sociale se vit vraiment. Mais contrairement aux stades, au Grand Bleu elle se vit à cheval sur une frite, à 5 sur un paddle géant ou dans les éclaboussures des pagaies.

Dans ce quatrième épisode de Vent Debout, nous cherchons à comprendre quels sont les barrières qui rendent certains sports exclusifs au delà des aspects économiques. Et comment les dépasser. Pour cela nous avons croisé le regard de Brahim à celui de Yohann Rech, Maître de conférences en sociologie et management du sport à l’UFR STAPS de l’Université Rennes 2. Un second entretien qui nous éclaire sur les mécanismes invisibles qui déterminent nos pratiques. On y parle notamment de légitimité, d’éducation et d’inégalités d’accès.

« Quand on regarde les statistiques, le sport pour tous ça n’existe pas. Il y a des inégalités dans l’accès aux pratiques sportives. »

Yohann Rech

Si Brahim détient un secret, c’est peut être celui de l’accueil. Avec son franc parler et sa connaissance des codes marseillais ce dernier sait mettre à l’aise et nous fait voyager dans la cité phocéenne. De quoi réchauffer les cœurs au beau milieu de l’hiver.

Bonne écoute et n’oubliez pas de nous suivre, de partager l’épisode et de nous mettre plein d’étoiles pour donner de l’envol à Vent Debout.

Empreinte carbone

Train
Munich > Paris | 800km | 3kg CO2e
Paris <> Marseille | 1550km | 4,6kg CO2e

Voiture
Studio <> Base de Corbière | 28km | 6kg CO2e

Total
13,6kg CO2e

(source : Ademe)

Sources et références

Le site internet de l’association Le Grand Bleu

Le site internet de l’Agence nationale du sport pour tout comprendre au programme Impact 2024

Le rapport public annuel de la cour des comptes (2018) cité dans l’épisode

Les articles du Monde concernant la natation : “savoir nager” en sécurité, un objectif national difficile à atteindre en France (2023) ; Près de 600 noyades en France depuis le début de l’été, mortelles pour près d’un tiers d’entre elles (2023) ; Les piscines publiques, un équipement coûteux particulièrement vulnérable à la hausse des prix de l’énergie (2022).

Notre Interview de Clélia Compas, fondatrice de YAMBI, pour aller plus loin sur le sujet de la démocratisation de la montagne

Notre interview avec David Blough pour mieux comprendre la notion de Sport d’impact

Le Film Patagonia Monte. Can’t stop. Won’t stop, qui illustre l’importance de se structurer en club, associations ou collectifs, pour créer des espaces de socialisation dans l’outdoors et en démocratiser les pratiques.

Et enfin, une BD, La distinction, de Tiphaine Rivière pour appréhender la sociologie Bourdieusienne

Extraits audio :